Conversations fertiles 2 - Un lien indéfectible avec l’amont agricole
Avec Luc Chorier, Responsable du département agricole du Groupe Saint-Hilaire, et Dominique Billard, Directeur général de la Société Violleau.
- Quel est votre rôle auprès de l’amont agricole ? Etes-vous mobilisés auprès des agriculteurs au quotidien ?
LC – L’amont agricole, cela représente pour moi les intervenants qui mettent en marché ainsi que les agriculteurs. C’est un monde pluriel auquel nous appartenons. En tant qu’industriel de la fertilisation, notre mission est d’apporter des solutions et des moyens aux agriculteurs pour revitaliser les sols. La problématique du ph du sol nécessite des produits adaptés en quantité et en qualité suffisante. Avec la production d’amendements minéraux basiques, nous pouvons répondre à cet objectif ph, primordial pour la santé des sols. Notre activité est saisonnière car nous produisons 60% des volumes d’amendement minéraux basiques étendus sur le troisième trimestre de chaque année (juillet-août-septembre). Côté service, nous fournissons du conseil technique, de l’accompagnement et de la logistique (notamment des équipements adaptés pour nos produits qui se pulvérisent). Notre priorité est de sensibiliser les agriculteurs sur la bonne utilisation du produit. Cela implique d’être mobilisés au quotidien avec une équipe de conseillers qui vont à la rencontre des agriculteurs.
DB – Nous avons deux rôles en lien avec l’amont agricole en tant qu’industriel de fertilisants organiques : celui de fournir au bon moment des produits adaptés, de qualité aux agriculteurs et aux distributeurs, et celui de collecter la matière première qui vient de l’amont agricole. Nous avons un lien très proche avec l’amont agricole car nous sourcons nos matières premières directement auprès des agriculteurs, avec des contrats d’approvisionnement, mais aussi les sous-produits animaux issus des filières agricoles et agro-alimentaires. In fine, la typologie de fertilisants que nous produisons (fumier, lisier, pulpe de raisin, protéines animales, etc.) implique une relation de proximité avec l’agriculteur et le monde agricole.
Notre entreprise collecte des effluents d’élevage (essentiellement du fumier de volaille), dans un rayon de 50 km autour de notre usine, que nous traitons dans une station de compostage. Pour ce faire, nous travaillons étroitement avec une trentaine d’agriculteurs. Nous produisons ainsi des fertilisants organiques, que nous conseillons soit directement à l’agriculteur, soit au distributeur qui fait l’intermédiaire.
- Pensez-vous que le lien avec le terroir/territoires ruraux est primordial pour votre industrie ?
DB – Comme dit précédemment, nous sourcons nos matières premières directement auprès des agriculteurs, du monde agricole et agro-alimentaire. Quand nous traitons de la matière organique, nous sommes donc intrinsèquement liés au terroir. Il y a une vrai une notion de circularité et de territoires vivants. Nous n’existerions pas sans les agriculteurs et les industries de transformation car notre essence est justement de valoriser les co-produits agricoles et agroalimentaires. Chez Violleau, cela fait 30 ans que nous vivons avec les territoires ruraux, que ce soit en Nouvelle-Aquitaine ou dans le Pays-de-Loire.
LC – En tant que producteur d’amendements minéraux basiques, nous avons aussi un lien fort avec les territoires. En effet, l’ensemble des gisements de producteurs d’amendements minéraux basiques se trouvent au cœur des territoires ruraux. La carrière de calcaire que nous utilisons dans la région Rhône-Alpes a 50 ans d’activité. Nous travaillons également en collaboration étroite avec des associations environnementales et sociales qui donnent vie à la commune rurale. Nous avons un réel ancrage, reconnu dans notre territoire. Nous produisons des amendements qui voyagent peu, la source doit donc être proche de l’utilisateur pour un maillage territorial dynamique. Nous n’exportons pas non plus nos produits. Finalement, c’est la valeur du gisement qui scelle notre histoire industrielle au cœur de son terroir.
- Quels sont pour vous les enjeux prioritaires de l’agriculture française et comment votre industrie s’insère dans ces enjeux filière ?
DB – Pour Violleau, ce sont le respect de l’environnement, la souveraineté alimentaire de la France, la valorisation de la circularité dans les modes de productions agricoles, et le retour du carbone au sol qui sont les enjeux prioritaires de notre agriculture. Nous nous insérons pleinement dans ces enjeux prioritaires, notamment en redonnant de la valeur à la matière organique dans un cycle vertueux qui commence et finit avec l’agriculteur. Nous valorisons aussi nos produits en agriculture biologique.
LC – Nous pouvons mettre en avant trois enjeux majeurs : nourrir la population, adapter notre modèle agricole au changement climatique, et répondre à la demande sociétale d’une agriculture saine et durable. A notre échelle, nous intervenons afin de préserver la santé des sols et trouver un équilibre entre agriculture performante et respect de la planète.
Pour nous adapter au changement climatique, nous nous devons de limiter les émissions de protoxyde d’azote, et pour ce faire, il est nécessaire d’avoir un capital sol préservé. Un amendement innovant permet d’atteindre cet objectif. L’innovation est donc cruciale pour anticiper les solutions de demain. Nous avons également conscience que préserver la planète c’est aussi gérer efficacement la ressource, prendre conscience de sa valeur. Utiliser le gisement de calcaire à bon escient tout en respectant notre environnement font partie de nos prérogatives